Homélie de la grande messe de rentrée du 25 septembre 2022 avec les orientations pour cette année pastorale et les voeux du Curé le Père Yves Morel

26e dimanche du temps ordinaire, année C

Nous voici invités aujourd’hui à lancer notre année paroissiale avec notre « Initiative missionnaire ‘Que ma joie soit en vous’».

Que nous faut-il faire pour que la joie du Christ soit en nous ?

Cette invitation du Seigneur qui nous donne tout, dans ce dernier entretien avec ses disciples quelques heures avant sa mort, résonne à nos oreilles avec envie -qui n’a pas envie d’être dans la joie ? Mais cette invitation descend-elle toujours dans notre cœur, au siège de nos désirs, de notre volonté ? La Joie du Christ, à accueillir, est-elle notre trésor, comme nous le dit l’évangile : « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur ».

Alors essayons aujourd’hui encore d’accueillir et de partager la Joie du Christ.

Les lectures de ce dimanche, dimanche de rentrée paroissiale, viennent nous réveiller – oserais-je dire nous ressusciter ? Oui.

Amos, le prophète gardien de troupeau que Dieu envoie dénoncer les attitudes des autorités et des puissants : « Malheur à ceux qui vivent bien tranquilles dans Sion et à ceux qui se croient en sécurité sur la montagne de Samarie ». Sion, c’est Jérusalem, et, après la division du peuple, le Royaume du Sud, le royaume de Juda ; alors que Samarie, c’est le Royaume du Nord, le royaume d’Israël. C’est au peuple tout entier que s’adresse le prophète Amos, c’est au peuple tout entier que l’appel à ne pas se considérer comme ‘arrivé’ est adressé avec force ! Parfois, il peut nous arriver, à nous aussi, de nous penser bien tranquilles dans nos habitudes ecclésiales, nos manières posées de vivre notre foi.

Comment être tranquilles quand nous voyons que le nombre de chrétiens pratiquants diminue sans cesse, que les jeunes qui s’inscrivent à l’aumônerie chutent d’année en année – même pas 90 en cette rentrée de septembre ! tandis que certains se rappellent le temps où ils étaient 500 -, et que le catéchisme, vivier de l’aumônerie des jeunes, est lui aussi en fragilité ?

L’évangile de la Joie de Jésus n’a-t-il donc plus d’attrait pour guider notre vie ? Est-il donc remplacé par les doudous électriques que nous avons dans nos poches, et autres loisirs passagers. Bien sûr que non ! Mais c’est à nous de le montrer aux jeunes, d’en témoigner avec force et douceur parce qu’Il nous fait vivre.

La parabole que Jésus nous propose dans l’évangile est riche, elle aussi, d’enseignements, d’invitations à la conversion. Je n’en retiens qu’une : « S’ils n’écoutent pas Moïse et les Prophètes… » Au-delà des prophètes, il s’agit pour nous aujourd’hui d’écouter la Parole de Dieu…

Il n’y a pas d’autre source plus féconde que l’écoute de la Parole de Celui qui nous donne tout. Une parole qui passe par la lecture du texte biblique, sa méditation, son partage. Certes une formation théorique peut nous aider à bien comprendre l’évangile écrit ; mais l’évangile, c’est d’abord une rencontre avec Jésus qui nous attend.

Ce qu’il a fait hier, son attention à ceux qu’il croise, son désir de consoler, de relever, de pardonner, sont toujours d’actualité pour chacun de nous. Vraiment, simplement, dans le silence de notre cœur. Ouvrons grand la porte de nos cœurs à Celui qui frappe si doucement, comme nous invite à le méditer l’Apocalypse (Ap 3,20).

En plus du texte biblique, Dieu nous parle aussi les uns par les autres. Dans le partage de nos méditations au sein de petits groupes de foi ou simplement d’amitié ; dans l’attention mutuelle que nous pouvons avoir les uns avec les autres. La manière dont Dieu nous parle passe rarement par les ondes des portables, elle passe plutôt par nos regards, nos sourires, par nos mains, par nos propres paroles.

La lettre de Paul à Timothée, elle aussi, nous invite à son tour à chercher « la justice, la piété, la foi, la charité, la persévérance et la douceur », à « mener le bon combat, celui de la foi » pour s’emparer de la vie éternelle à laquelle nous sommes appelés ! Quel verbe ! S’emparer. Ce n’est pas rien ; c’est un vocabulaire spécifique. Il faut de la volonté, de l’audace, du courage et, effectivement, de la persévérance pour s’emparer de quelque chose qui est si beau.

La vie éternelle n’est pas un simple effluve, une simple odeur de sainteté qui passe ; elle est une force qui nous anime, un moteur non polluant à l’énergie sans cesse nouvelle puisqu’il s’agit de l’amour de Dieu.

Des lectures qui nous réveillent, nous percutent, en ce dimanche de lancement de notre année paroissiale.

A la fin de notre célébration, je lirai la Lettre de reconnaissance par notre évêque de l’Equipe d’Animation Pastorale, composée des prêtres, diacres et de laïcs, qui porte avec moi, curé, la mission d’annoncer l’Evangile, de servir le prochain, de célébrer le Salut.

                  Ensemble nous sommes au service de la communion et de la mission. Ensemble, EAP, nous sommes à votre service pour vous aider à accueillir la joie du Christ et à en témoigner.

                  En ce lancement de l’année, je voudrais vous redire : une attitude essentielle de l’EAP ; des axes de réflexion que nous avons déjà retenus dans notre journée de travail d’hier ; des défis à relever tous ensemble.

                  Une attitude : l’écoute.

L’EAP se veut d’abord à votre écoute, et c’est pourquoi vous avez les coordonnées de ses membres dans le Guide Paroissial (malgré quelques changements qui vont intervenir). Depuis 5 ans que je suis avec vous, les deux équipes avec lesquelles nous avons travaillé ont su être à l’écoute de vos attentes, besoins, pour l’annonce de l’Evangile, et notre communauté a retrouvé un dynamisme, une volonté d’annoncer l’Evangile jusqu’à sortir sur le trottoir. Mais nous voulons être toujours plus à votre écoute pour que chacun, vraiment chacun, puisse sentir qu’il a sa place, et qu’il est à sa place au sein de de notre communauté. Dans quelques jours vous verrez à l’extérieur de l’église des appels ‘De vous à nous’ avec un accès facile pour communiquer avis, attentes, proposition d’aide. N’hésitez pas à y répondre !

                  Cette attitude d’écoute de l’EAP, nous voulons la vivre dans l’écoute bien sûr plus fondamentale de la Parole de Dieu qui commence chacune de nos rencontres, à travers les temps de prière que nous pouvons prendre, chapelet, adoration, et, bien sûr, nos célébrations dominicales. Nous avons la chance de la diversité de nos célébrations – kyriale latin à 9h, la batterie à 11h30. Nous avons cette chance : méfions-nous que cette chance ne devienne pas un piège dans la dispersion. Il est heureux que ce matin nous puissions voir des visages jeunes ; je me tourne vers nos servantes, les servants, les enfants du catéchisme ; je me tourne aussi vers les ainés. Oui notre communauté n’est pas composée que de cheveux blancs ; et pour ceux qui viennent à la messe de 10h15, il n’y a pas que les enfants. Nous sommes tous ensemble aujourd’hui rassemblés dans notre diversité. Vivons de cette communion.

                  Des axes de travail. Nous continuerons à accompagner tous nos groupes et services de la paroisse selon un regroupement de ceux-ci par ‘essentiels’. Ces 5 essentiels de la vie de tout chrétien et de toute communauté chrétienne, qui se répondent et s’enrichissent mutuellement, que sont la Prière, le Service, la Fraternité, la Formation et l’Evangélisation. Ces 5 essentiels, eux aussi, sont rappelés dans le guide paroissial, en bas de page de l’éditorial, afin que chacun de nous puisse y revenir et éveiller peut-être de nouveaux chemins pour sa vie chrétienne.

                  Pour la prière, nous voulons notamment continuer à développer les soirées mensuelles de prière et réconfort, ainsi que l’Adoration continue du Saint-Sacrement. Celle-ci, du lundi au vendredi, toute la journée et quelques nuits par semaine, ne peut se faire sans la participation du plus grand nombre. Il est bon de se souvenir également que ce temps de prière, cet engagement personnel de prière d‘une heure par semaine,  non seulement est un temps de prière personnelle pour soi-même, mais c’est aussi une manière de porter devant le Seigneur toute la communauté paroissiale ! de prier les uns pour les autres comme nous le demandons au début de chaque messe dans le rite pénitentiel. Un adorateur porte, un moment de la semaine, la prière de toute la communauté devant le Seigneur, ses intentions de joie comme ses peines. L’adoration, prière pour vous et notre communauté, reprend dès demain.

                  Pour le Service, nous serons attentifs à mieux suivre les bénévoles, que ce soient les responsables des groupes et services qui font vivre notre paroisse mais également tous ceux qui auraient un charisme à développer, une attente particulière. Nous essayerons d’accompagner ceux qui sont déjà au service de notre communauté et lui permettent d’assurer sa mission dans le monde.

                  Pour la Fraternité, il nous semble important de continuer à développer la connaissance mutuelle entre nous, de veiller tout particulièrement à tout ce qui touche à la pastorale des jeunes et des familles. La Fraternité cependant n’est pas d’abord une organisation à améliorer : elle doit être une attitude. C’est fondamentalement une attitude qu’il nous faut avoir personnellement au nom du Christ et avec Lui. Chacun de nous devrait être un ‘veilleur’ pour ce qui se vit dans son immeuble, son quartier, sa cage d’escalier, sur son voisin de palier ; nous y reviendrons dans l’année.

                  Pour la Formation, nous voudrions proposer des temps et des lieux qui répondent à vos questions, celles liées aux âges de la vie que vous traversez, , mais aussi à vos besoins de formation biblique, spirituelle ou théologique ; n’hésitez pas à nous les formuler, nous verrons comment y répondre. Répondre aussi à la nécessité d’entrer toujours davantage dans l’intelligence, la compréhension, de la foi.

                  Enfin, l’évangélisation nous conduit à faire des invitations : les rencontres au Marly, la Messe des Curieux le 16 octobre – où vous pourrez chacun inviter quelqu’un pour venir mieux découvrir notre rituel de la messe ; des matinées de rencontre dans la rue… Ce n’est pas toujours facile et ce n’est pas sans une certaine appréhension que nous sortons annoncer explicitement le Christ sur le trottoir ! Mais que de belles rencontres, de beaux échanges, pour si peu d’agressivité rencontrée… Osons le témoignage à l’extérieur de nos murs !

                  Sur ce chemin, et j’en terminerai par-là, des défis nous sont lancés collectivement pour notre communauté. J’en retiens trois en particulier.

                  La célébration de la messe doit être belle et priante, occasion de se rencontrer, de vivre vraiment un temps de communion pas seulement avec le Christ dans la communion eucharistique mais aussi dans la communion fraternelle. Les chants, les fleurs, la place des enfants, les salutations fraternelles en arrivant (si possible à l’heure) ou en sortant… Il faut qu’ensemble, tous ensemble,  nous fassions de la messe dominicale un temps de vie et de témoignage qui nous soude et nous ressource dans le Christ !

                  Second défi : la pastorale des jeunes et des familles. Redonner envie et plaisir aux familles, aux parents, aux jeunes, aux enfants, de vivre des temps de catéchèse, de rencontre, de célébration. Nous ne pouvons pas nous contenter de voir les inscriptions baisser au catéchisme et à l’aumônerie, de voir des familles qui demandent le baptême ou des couples qui se préparent au mariage recevoir ces sacrements et repartir ensuite comme elles étaient venues, en silence. Nous ne pouvons pas nous en satisfaire. Notre accueil doit être toujours plus chaleureux. Ensemble, il nous faut retrouver un témoignage qui appelle à vivre l’évangile !

                  Troisième défi, qui est au service des deux précédents : la connaissance mutuelle. Tout est dit dans la si belle, mais exigeante, phrase de Jésus : « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples » (Jn 13,35).

                  Alors, si le tableau peut vous sembler trop noir, je l’ai fait pour qu’ensemble nous nous réveillions avec Amos, Timothée, et l’écoute des prophètes. Mais dans mon cœur il n’est pas noir car il est habité de l’espérance, de la certitude, que Dieu est là, qui agit en nos cœurs ! Malgré nos faiblesses.

                  A nous tous, et à chacun personnellement, je souhaite de vivre une belle année avec le Seigneur ! Je remercie tous ceux qui, par leur engagement en paroisse, en famille, dans les écoles ou les associations, portent le témoignage de l’évangile !

                  Puisse chacun de nous sentir qu’il a toute sa place dans notre communauté ; sentir qu’il est bien à sa place. Puissions-nous accueillir ensemble la Joie du Christ !

                  Ce sont les vœux que je formule pour chacun de nous pour cette année pastorale.

Père Yves Morel, Curé

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